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Un curieux monument funéraire (P. Noblecourt)
Les Gaulois des rives de l'étang de Berre (Jean Chausserie-Laprée)
Visite guidée de l'Oppidum d'Entremont (P. Noblecourt)
Aix en Provence à l'époque romaine : état des recherches archéologiques. (Nuria Nin)
Visite guidée de Gardanne. (P. Noblecourt)
Visite du chantier de fouilles de la Seds à Aix-en-Provence. (P. Noblecourt)



Un curieux monument funéraire

par Pierre Noblecourt.



L'archéologie peut s'intéresser au passé récent. Monsieur Dominique Berthout, archéologue, au cours d'une visite, a attiré l'attention des membres de l'Association archéologique de Cabriès sur un monument funéraire original, situé dans le "cimetière vieux" de Cabriès.
Ce cimetière, le plus ancien de la commune, entoure la chapelle médiévale dédiée à Saint Raphaël. On y trouve une douzaine de tombeaux appartenant à de vieilles familles de la commune, tombeaux ostentatoires caractéristiques d'une époque et d'un paraître rural. Ils ont été érigés à la fin du XIXe siècle et au début du XXe. Ils sont de même style, mais aucun n'a l'originalité de la sépulture Chave-Brun.
Ce monument funéraire, situé derrière la Chapelle St Raphaël, se présente comme une petite chapelle de style néogothique, entièrement en pierre calcaire blanche (pierre d'Espeil) taillée et bâtie avec soin, surmontée d'une croix monumentale. Deux minces colonnes composites avec chapiteaux ornent les angles de la façade. Une grille en fer forgé ferme la crypte. Sur l'arc brisé de l'entrée est inscrit : "Familles Chave-Brun".
Une couronne de deuil et une palme de gloire sculptées ornaient le fronton triangulaire. Elles ont été martelées postérieurement à la construction de la chapelle pour permettre la mise en place d'un buste de marbre. Deux autres bustes en marbre encadrent le porche, au pied du tombeau. Ils ont été rapportés, et sont posés sur des piédestaux de bonne taille où l'on peut lire des inscriptions.

C'est dans ces bustes que réside l'originalité du monument.

Ce monument funéraire est symbolique du matriarcat (la femme exerce une autorité prépondérante au sein de la famille).


La respectable matriarche en buste qui trône au fronton de l'édifice est Louise Marie Chave, née le 29 mars 1857 à Cabriès et décédée le 6 octobre 1921 à l'âge de 64 ans. C'est elle qui a fait bâtir le tombeau et commandé les sculptures. C'était, d'après les témoins demeurant encore à Cabriès et qui l'ont connue, "une femme imposante, qui portait la culotte".


Elle était l'épouse de Louis Brun, cultivateur aisé, mort à 74 ans le 15 octobre 1913. Louis Brun est l'homme moustachu, au chapeau, en costume provençal, figurant en buste, en bas, à droite du tombeau. Il possédait la ferme du Bouscaut, à Plan de Campagne.

 


Le jeune chasseur alpin, à gauche, est Léandre Antoine Brun, soldat au 159e Régiment d'Infanterie, " mort pour la France " le 3 octobre 1914 à Saint Laurent dans le Pas de Calais, à l'âge de 21ans.

 


Le père n'a pas vu mourir son fils. La mère a élevé un beau et grand tombeau à la gloire de son fils, mort pour la France. Mais elle en fait aussi la sépulture de sa famille. Reposent dans ce tombeau : son frère Grégoire Chave, mort célibataire en 1895 à 41 ans ; son père Joseph Chave, mort en 1903 à l'âge de 82 ans et sa mère, Rose Raphaël, décédée en 1897 à l'âge de 70 ans. Il faut dire que toute la famille de Louise vivait à la ferme du Bouscaut, chez Louis Brun.

Louise, désormais, veille, en haut du monument, sur ses chers disparus, majestueuse et sévère.


Notes

Nous avons pu interroger quelques témoins de cette époque :
- Mme Noélie Florens, apparentée à la famille Chave qui, enfant, en 1920 a connu Louise Chave. Madame Florens se souvient que c'est sa tante qui "s'est occupée" de Louise, de la mort du fils à son propre décès, en 21, pour respecter un souhait de Léandre, fait au moment de son départ pour la guerre.
- Madame Sarde, parente de la famille, possède encore les bustes en plâtre qui ont servi de modèle au sculpteur. Elle témoigne qu'un legs important a été fait à la Ville de Cabriès pour l'entretien perpétuel du tombeau, devant un notaire à Gardanne.

1) La sépulture Chave Brun devrait s'appeler Brun Chave, Louis Brun en étant le propriétaire. Autre symbole du matriarcat rural en Provence.
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2) La plaque de marbre, à l'intérieur de la chapelle, où figuraient les noms de Louis Brun et de Léandre Brun, a été déposée. Les inscriptions sont sur les piédestaux.
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3) La Ferme du Bouscaut est devenue la "Ferme des animaux" dans la zone commerciale de Plan de Campagne.
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Les Gaulois des rives de l'Etang de Berre

Conférence de Jean Chausserie-Laprée.



Photo A. Luzy

Le vendredi 4 avril, dans la salle de la Bergerie de la Trébillanne, l'archéologue Jean Chausserie-Laprée a présenté, devant un public enthousiaste et passionné à défaut d'être nombreux, une conférence sur l'état des recherches concernant la présence des Gaulois sur les rives de l'Etang de Barre dans l'Antiquité. Il a illustré ses propos d'une centaine de diapositives sur les découvertes faites ces dernières années, notamment dans les environs de Martigues dont il est l'archéologue attitré.
Il s'est attaché à décrire les rapports entre ces gaulois et les colons grecs fondateurs de la voisine Massilia d'une part et les colonisateurs romains. Il a décrit les moeurs de ces gaulois, leurs techniques, notamment dans le domaine architectural et n'a pas manqué de faire référence au site d'Entremont, témoignage exceptionnel de cette époque.
A l'issue de la conférence, l'assistance a pu poser des questions diverses, preuve s'il en est de l'intérêt porté à ce sujet. La discussion avec Jean Chausserie-Laprée s'est poursuivie autour d'un sympathique apéritif organisé par notre secrétaire Pierre Noblecourt.


Photo A. Luzy

H. T.

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Visite guidée de l'Oppidum d'Entremont




Explications préalables de notre guide (photo H. Tournier)

Le samedi 21 juin 2003, l'Association archéologique de Cabriès-Calas a visité l'Oppidum d'Entremont.

La visite, éclairée par Jean- Louis Charrière, Président de l'Association Entremont, a été riche d'informations.

Les propos de notre guide furent précis, synthétiques et passionnants. Les fouilles d'Entremont sont récentes puisque c'est en 1943 que furent faites les trouvailles décisives.

Les fouilles systématiques furent entreprises en 1946. Mais la curiosité des érudits avait été alertée dès 1817. C'est au XIXe siècle que des blocs de pierre, sculptés avaient été trouvés et déposés au Musée Granet où ils seront à nouveau visibles lorsque le musée sera rouvert.

Entremont est certainement le site de la capitale d'une confédération salyenne. Les SALYENS, population indigène ligure mêlée d'immigrés celtes étaient les Gaulois de notre région.

Le site est classé et appartient à l'État. Il s'étend sur plus de huit hectares mais seulement un peu plus de trois hectares ont été fouillés, révélant une " cité haute " au plan régulier, et une " cité basse " de création postérieure et de plan désordonné.

 


Plan du site (photo H. Tournier)

Nous savons d'Entremont ce qu'en ont écrit les auteurs anciens, mais aussi ce qu'en ont révélé les fouilles archéologiques .Originalité de la civilisation celto-ligure : on ne trouve en Provence aucune sépulture. Que faisaient nos ancêtres de leurs morts ?

L'antique capitale du monde salyen, dont nous retrouvons les traces au Baou Roux ( à Bouc bel air, à proximité de Cabriès),à Roquepertuse et à l'Infernet, a eu une existence brève. Fondée vers 180 avant notre ère, elle se développa rapidement en profitant du rayonnement économique de la colonie grecque de Massalia. Mais dès 124 avant JC, les Massaliotes appelèrent à l'aide Rome. La cité salyenne succomba à la poussée impérialiste romaine. Aquae Sextiae (Aix) fut créée dans un site mieux abreuvé. Entremont fut abandonné.


Visite d'une maison (photo H.Tournier)

L'habitat salyen, à Entremont, est particulièrement bien conservé et révèle un caractère méditerranéen. Les maisons les plus anciennes mesurent de 13 à 15 m² et sont construites en pierres liées avec de la terre argileuse. Leur toit est en terrasse. On trouve à Entremont les traces d'un édifice public : une salle hypostyle.


J.-L. Charrière explique le fonctionnement du pressoir
(photo H. Tournier)

On a découvert à Entremont, à l'intérieur de remparts bien conservés, un important mobilier : pressoirs à huile, fours à métaux, jarres et dolia, mais aussi de très précieuses sculptures et des crânes, révélant que nos ancêtres celtes étaient certes des cultivateurs, mais aussi vaillants guerriers et coupeurs de têtes, (objets de vénération, de culte ?)... Mais étaient-ils barbares pour autant ?

 

 

 

P. Noblecourt

Le site d'Entremont est ouvert du mercredi au lundi de 9 h à 12 h et de 14 à 18 h. Entrée libre et gratuite.

Accès au site Web d'Entremont : cliquez ici

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Aix en Provence à l’époque romaine : état des recherches archéologiques

Conférence de Nuria NIN.



Photo H. Tournier

Le 14 mai 2004, l’Association d’Archéologie et d’Histoire de Cabriès-Calas a présenté à l’Oustau per touti de Trébillane une conférence donnée par Nuria Nin, historienne et archéologue, Conservateur du Patrimoine de la Ville d’Aix.

Nuria Nin évoque le riche passé romain d’AQUAE SEXTIAE, présente et commente une superbe série de photographies témoignant de la richesse insoupçonnable du sous-sol de la ville.

A l’origine, la cité, capitale des Salyens, peuple celte, est située sur le plateau d’Entremont. Les vestiges de cette cité sont bien conservés et visibles car le site n’a pas fait l’objet d’occupation urbaine ultérieure.
Mais Marseille, ville conquérante, à qui les Salyens font de l’ombre, fait appel aux légions romaines qui écrasent les Celtes. A la fin du IIe siècle avant notre ère les armées romaines créent une ville nouvelle au pied du plateau, dans un site bien alimenté en eau. Témoigne de cette occupation le « fossé du terrain Coq », un fossé qui bordait un camp militaire et qui a été comblé par des milliers d’amphores cassées. Les fouilles ont révélé que la garnison buvait peu d’eau mais consommait beaucoup de bon vin d’Italie, importé dans ces amphores.

Le cœur de la ville correspond au début du Ier siècle av. J.-C. à l’actuel quartier Thermes. Les recherches ont fait reconnaître le quadrillage des voies : cardo et décumanus, avec leur réseau d’égouts. On découvre avec Nuria Nin un marché de l’époque césarienne, vaste esplanade à portique, on imagine l’aspect des habitations modestes avant de partir visiter en images Aquae Sextiae à l’époque augustéenne.
La ville s’est développée au croisement de la Voie Aurélienne et de la route de Marseille : on découvre le marché des années 50 av. J.-C. et les traces d’un collège des Sévirs augustaux, congrégation servant le culte d’Auguste.

La ville explose à l’époque impériale. On entre, avec la conférencière, par la porte sud, monumentale, précédée d’une avenue bordée de tombeaux. On traverse le cardo des Thermes et le décumanus des Minimes. On visite les vestiges des collecteurs (cloaques). On admire la parure monumentale de la cité : le Forum (vestiges visibles à la Cathédrale) ; l’établissement thermal, ses thermes de cure et ses bassins de baignade ; l’amphithéâtre (ou le théâtre ? Les archéologues ont encore le choix entre les deux types de monuments car le site exploré par des procédés géophysiques en 2003 est actuellement en cours de fouille).
A cette époque, le quartier résidentiel est situé au nord du centre ville actuel. La construction du parking Pasteur a révélé une domus, vaste et superbe maison de 2500 m2 et des fouilles rue des Chartreux ont mis à jour la cour de la maison Grassi. Les mosaïques noires géométriques du Ier siècle et les mosaïques polychromes du IIe siècle sont splendides. On retiendra notamment le combat de Darès et Entelle, l’Amour contrit, Orphée charmant les animaux. Elles ont été déposées, avec des fragments de peintures murales, et attendent de trouver un lieu de présentation (le Musée Granet, Musée des Beaux arts ne pouvant les présenter au terme de sa réfection). Les vestiges de ces domus ont disparu à tout jamais sous le béton et les voitures.
Plus prosaïque, l’artisanat à l’époque impériale est découvert dans la zone Sextius Mirabeau. Nuria Nin nous fait voir les boutiques, la verrerie, le dépotoir du charcutier (le boucher n’a pas de dépotoir car il livre les morceaux de viande avec os à ses clients, alors que le charcutier travaille les têtes et les jambes de porc). L’illustration est saisissante !

Nuria Nin nous entraîne ensuite dans le monde des nécropoles. Les tombes et tombeaux sont situés à l’extérieur de l’enceinte. Ils bordent les voies. La conférencière montre les enclos funéraires découverts au sud de la cité et les traces des différents rites d’inhumation, d’incinération et d’offrande. Une place particulière est consacrée à l’inhumation des enfants morts avant naissance.

Puis l’archéologue prouve, images sur écran, que durant trois siècles les pratiques agricoles en bordure de la ville étaient sophistiquées. Des drains permettaient de cultiver en zone humide, des fossés irriguaient les zones sèches. On cultivait la vigne à Sextius Mirabeau !
Mais les fossés découverts montrent que les égouts s’y déversaient. Régnait une pollution effroyable .Certes les Romains avaient capté les eaux thermales et les eaux descendues de la Montagne Saint Victoire (Les Romains avaient construit le premier barrage au Tholonet et plusieurs aqueducs) Les habitants de la « Ville aux nombreuse fontaines » ne manquaient pas d’eau, mais les conduites étaient en plomb. Le saturnisme était, au temps de César, la maladie des riches qui bénéficiaient le mieux des adductions.

L’auditoire, nombreux et captivé a suivi avec passion cette visite d’Aquae Sextiae, conduite par une conférencière compétente et de talent. L’Association d’histoire et d’archéologie de Cabriès se promet d’organiser une visite de l’actuel chantier de fouilles de la Seds, route d’Avignon qui se révèle plein de promesses.
Si le public, par ses questions, reconnaît que les grands travaux d’aménagements récents ont permis aux archéologues de renouveler la connaissance du passé antique d’Aix, il se désole du constat que les splendides traces révélées ne sont plus visibles, sauf sur les belles photographies projetées par Nuria Nin.


Photo H. Tournier

P. N.

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Visite guidée et découverte de Gardanne




Dominique Berthout accueille notre groupe (photo H. Tournier)

Les quatorze membres de l'Association d'archéologie et d'histoire de Cabriès-Calas qui participèrent à cette promenade croyaient connaître Gardanne parce qu'ils étaient venus quelquefois au marché sur le Cours Forbin. Ils ont véritablement découvert Gardanne, la vieille ville pittoresque et ses extensions, le 9 octobre 2004.


Le clocher de l'ancienne église (photo H. Tournier)

Sous la conduite éclairée de Dominique Berthout, archéologue, ils sont montés au sommet du Captivel, la colline où est née la ville au Moyen-Age, d’où la vue embrasse la Chaîne de l’Etoile et la Sainte-Victoire, et qui dominait des plaines marécageuses à l’époque. Le site était fortifié, (il reste de la forteresse des vestiges intéressants immortalisés par Paul Cézanne). Sur la place Cézanne créée en 1932, l’église a disparu ; il n’en reste que le clocher construit au XVIIIe siècle. La ville s’est développée en arc de cercle, sur la pente sud du piton, qui a bien des ressemblances avec Cabriès.

Ils ont parcouru les ruelles de « Gardo anas », la garde des canards, dont les élevages du Comte de Provence occupaient les terres basses. Trente-deux maisons s’enroulaient en escargot autour de la forteresse et de l’église. La porte d’entrée de la première enceinte défensive est encore visible. Une deuxième ligne de remparts dont ils découvrent les vestiges marque la première extension du village au XVIe siècle. Une chapelle des Pénitents, dédiée à Saint Valentin avant 1619, a été restaurée et abrite un musée. Au XVIIIe siècle, la ville s’échappe de la pente et se développe. La dernière enceinte n’a plus qu’une fonction économique (octroi). Mais les belles entrées des hôtels ne donnent pas sur le Cours actuel (il faut voir l’entrée de l’Hôtel de Forbin) qui n’a été installé qu’au XIXe siècle sur le ruisseau Saint-Pierre, détourné au prix d’un long tunnel sous la colline.


La porte d'accès à l'enceinte fortifiée (photo H. Tournier)

Buste du Marquis de Gueydan (photo H. Tournier)

La Marquise de Gueydan a fait don de ses terres pour établir un établissement de formation agricole. Le faubourg porte son nom. Les bustes du Marquis et de la Marquise se dressent à chaque extrémité du Cours. Dans le faubourg, un joli bâtiment servait au poids public. Un hospice créé par la famille François est devenu le centre Acanthe.

L’extension suivante caractérise la ville industrielle : la cité Pechiney est un coron. Près de l’usine d’alumine construite en 1893 (sur l’emplacement d’une villa gallo-romaine), étendue et transformée à de nombreuses reprises, Dominique Berthout montre les vestiges de « chapelles » de moulin à huile qui vont être, grâce à son intervention, sauvegardés.

Aujourd’hui la Mine de lignite a fermé. La bauxite vient d’Afrique, le charbon vient d’Australie. Pechiney colorise toujours la ville en rouge et blanc. Pour combien de temps encore ?


Une "chapelle" de moulin à huile (photo H. Tournier)



Un ouvrage de Dominique Berthout sur le vieux Gardanne et ses extensions paraîtra en 2005. Il sera très intéressant d’y retrouver ses passionnantes explications.



Vue panoramique de Gardanne (photo H. Tournier)

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Visite du chantier de fouilles de la Seds à Aix-en-Provence




L'accueil des visiteurs (photo H. Tournier)

Nous avions été enthousiasmés par la conférence illustrée sur Aix en Provence à l’époque romaine et sur l’état des fouilles archéologiques, par Nuria Nin, Conservateur du Patrimoine de la Ville d’Aix, le 14 mai dernier. Lorsque celle-ci nous avait parlé du chantier de la SEDS, nous avions été impatients de savoir si l’on allait découvrir un amphithéâtre ou un théâtre.
C'est dans le cadre d'une visite organisée par L’Association d’Histoire et d’Archéologie de Cabriès-Calas que nous avons pu découvrir le chantier de la SEDS, le samedi 4 décembre 2004 par un temps ensoleillé et printanier, sous la conduite d’une jeune archéologue précise, claire, compétente.

Le site, une propriété conventuelle, a été acheté récemment par la Ville d’Aix, et n’est l’objet d’aucune menace immobilière. C’est un espace de recherche scientifique approfondie, qui, nous l’espérons, sera mis en valeur dans un avenir proche : son intérêt est majeur.

En fait, le site avait été exploré dès 1843 et on avait mis à jour vers 1950 des vestiges de remparts de la ville romaine. La campagne de fouilles de 2004 a révélé un ensemble architectural urbain exceptionnel qui nous a été présenté :


Les remparts (photo H. Tournier)

D’abord un sondage en tranchée qui a permis de conduire une étude stratigraphique précise des différentes occupations. On trouve les traces d’une ville romaine, de deux sépultures et une ligne de remparts qui se prolonge vers le centre ville actuel.

Ensuite des traces d’habitat de l’Antiquité tardive puis de l’époque médiévale, qui se sont superposés aux vestiges romains.

Enfin un théâtre antique aussi imposant que ceux d’Arles, de Fréjus, de Vaison, avec son ambulacre, ses vomitoires, ses douze gradins remarquablement conservés, dégagés sur huit mètres de hauteur, jusqu’à l’orchestra. Ce théâtre avait une capacité de 8 à 10 000 spectateurs. Les notables avaient, comme de nos jours, des gradins réservés, bien plus larges que ceux de la plèbe.


l'ambulacre (photo H. Tournier)

Le grand intérêt du site est de permettre une chronologie précise :

Le théâtre a été édifié dans le premier tiers du premier siècle de notre ère, à la même période que celui d’Arles et selon le modèle du Théâtre de Marcellus à Rome.


Les gradins (photo H. Tournier)

Aux IVe et Ve siècles, les remparts de la ville romaine ont été rasés. Le théâtre est devenu une carrière et les habitations de l’Antiquité tardive et du Haut Moyen âge se sont installées sur le site. Les habitants, dans la période d’insécurité qui suivit, se sont concentrés sur le site de la Cathédrale, autour du Palais Comtal et dans la Ville des Tours. Ces trois pôles urbains ont prospéré jusqu’au XIVe siècle. Puis la zone a été abandonnée et livrée à l’agriculture. Ce sont les jardins et les vergers des religieuses de Notre Dame de la Seds qui ont protégé le théâtre des agressions des promoteurs de toutes les époques, jusqu’à nos jours.

Prions les dieux de protéger encore le site et prions les autorités nationales et régionales de l’Archéologie d’abandonner l’idée de réenfouir les vestiges. Puissent-elles préférer mettre en valeur une telle richesse patrimoniale.

Il reste beaucoup à découvrir ; mais il n’y aura pas de fouilles en 2005 qui sera une année consacrée à l’étude de ce qui a été découvert.


L'orchestra et les gradins, vue générale (photo H. Tournier)


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